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Discours en présence du conseiller d’État Dr. Ueli Augsburger, à l’occasion du 8e «convoy to remember»

Comment pouvons-nous contribuer à façonner l’avenir?

Monsieur le conseiller d’État, mesdames, messieurs, chers enfants,

Un grand esprit a un jour déclaré: «Sans passé et sans présent, il n’y aurait pas non plus d’avenir. C’est pourquoi il faut se souvenir du passé, vivre le présent et façonner l’avenir.»

Avec le 8e «convoy to remember», nous commémorons des journées décisives pour l’Europe. Le débarquement des Alliés en Normandie le 06.06.1944 marqua le lancement de l’«Operation Overlord». Jusqu’à la libération de Paris en août de la même année, 70 000 soldats Alliés moururent, et 200 000 soldats allemands. Les rangées en apparence infinies de croix blanches dans les cimetières militaires sont un mémorial pour les générations suivantes. Chaque croix incarne une vie dont les rêves n’étaient certainement pas de tomber au champ de bataille, quelle que soit l’idée défendue. Ces pertes cruelles auraient probablement pu être évitées. Elles sont d’autant plus amères lorsque l’on sait que l’origine de cette horreur réside dans une erreur politique, celle des termes du traité de Versailles. Les vainqueurs, au lieu de s’assurer que les moyennes puissances vaincues deviennent de bons voisins, attisèrent la haine. Les coûts de réparation exorbitants exigés en or et l’abandon de la flotte commerciale et des installations industrielles générèrent pénurie et détresse économique chez les vaincus. Le fruit de cette graine politique fut la Seconde guerre mondiale.

Il n’est pas difficile de trouver les échos de l’Histoire dans le présent, autant positifs que négatifs. Au final, ce sont toujours les peuples qui paient le prix d’une politique malencontreuse.

Pourquoi la Suisse se porte-t-elle si bien?
Parce que notre modèle sociétal, qui repose sur un système fédéral de démocratie directe, n’encourage pas seulement le bien commun, mais incite aussi le peuple à participer activement à la vie du pays et à assumer sa part de responsabilité. Les démocraties à participation directe ont un avantage par rapport aux modèles purement représentatifs et économiques. La quote-part de l’État et la bureaucratie sont moins importantes dans la démocratie de milice que dans les systèmes représentatifs.  Ses citoyens sont plus heureux que ceux qui doivent élire un nouveau parlement tous les quatre ou cinq ans, puis oublient la politique jusqu’à la prochaine échéance. Les élections européennes en mai dernier, avec leurs candidats principaux et leurs luttes de pouvoir conséquentes entre le Parlement et les premiers ministres, donnent une bonne image de la définition dominante de la démocratie à Bruxelles. L’UE, paradis des saltimbanques et prestidigitateurs politiques, pense pouvoir faire disparaître la crise actuelle. Mais en démocratie, les électeurs doivent d’abord connaître les règles du jeu. Il ne s’agit pas de jeter de la poudre aux yeux des citoyens.

Depuis les années 1990, la Suisse est aux prises avec elle-même et l’UE pour déterminer l’avenir des relations interétatiques. Si l’on écoute les porte-voix des associations économiques suisses, notre pays devrait intégrer pleinement l’UE, et plutôt aujourd’hui que demain. Cela s’accompagnerait néanmoins sans discussion d’un démantèlement de la participation démocratique. Nous perdrions ainsi l’une des principales pierres angulaires de notre cohésion sociale.

Voulons-nous des citoyennes et citoyens actifs
Il est déjà suffisamment dérangeant que les associations d’expatriés puissent instrumentaliser leur influence sur l’opinion publique.

Nous sommes un pays ouvert, nous connaissons la liberté d’expression. La question d’un accord-cadre institutionnel avec l’UE va cependant bien au-delà de la simple question économique et touche le cœur de notre cohésion sociale. Il ne semble alors pas excessif d’exiger que toute personne qui s’exprime publiquement à ce sujet doive posséder un passeport suisse. L’économie et ses managers doivent être au service du peuple et non l’inverse.

Nous serions donc bien inspirés de ne pas nous reposer uniquement sur les communiqués de Berne, de Bruxelles et des lobbys, mais de prendre aussi connaissance des avis d’experts économiques européens.

À partir de là, comment avançons-nous?
Les quatre libertés fondamentales et indivisibles énoncées dans l’accord-cadre – la libre circulation des marchandises, des prestations, des capitaux et des personnes – sont un dogme. Étant donné que le transport des marchandises, des prestations et des capitaux est partiellement remplaçable, cela permet aussi un gain de prospérité accru. Bruxelles aimerait de toute évidence intégrer politiquement la Suisse et ne veut pas d’une simple cohabitation économique pacifique.

En 1802, durant la Guerre des bâtons, vous Argoviens vous êtes opposés à l’État français centralisé aux côtés d’autres membres de la Confédération. Vous n’avez rien cédé. Napoléon dût reconnaître aux fédéralistes la construction d’un État fédéral par l’acte de Médiation. Aujourd’hui, la France est un acteur majeur dans la construction future de l’UE. Tous les cinq ans, les Français élisent un président doté de compétences quasi royales. L’État central, et le président à sa tête, ont des pouvoirs considérables. C’est ainsi que les Français définissent la démocratie et doivent s’en contenter. Il serait néanmoins dramatique que les technocrates bruxellois prennent ce modèle en référence.  Avec le départ des Britanniques, l’UE perd définitivement les garants du respect du principe de subsidiarité. Les économistes des deux côtés du Rhin s’accordent pour dire qu’à long terme, cela portera politiquement et économiquement préjudice à l’UE.

J’arrive au terme de mon allocution.
Ne nous laissons pas troubler ni déconcerter, que ce soit de l’intérieur ou de l’extérieur, des idéologues, des saltimbanques ou des va-t-en-guerre.

L’histoire nous l’apprend, il faut étouffer le mal dans l’œuf!

Merci beaucoup pour votre attention.
Je vous souhaite une soirée instructive et tout de bon.

Dr. Ueli Augsburger
Président Tireurs historiques Suisse

Seul celui qui sait d’où il vient sait où il va, peut savoir où il se situe. Et seul celui qui sait où il se situe peut choisir où il va.
Konrad Stamm